Depuis plusieurs années, la question de l’élargissement des compétences des IDEL occupe une place centrale dans les débats de santé. Face aux déserts médicaux et à la demande croissante d’accès aux soins, les pouvoirs publics ont renforcé le rôle des infirmiers dans le parcours de soins de leurs patients.
En 2025, les IDEL sont des acteurs incontournables du système de santé intervenant dans le suivi des patients, la coordination des soins, la prévention et la prescription. Leur champ d’action est défini par des limites légales qui déterminent les dispositifs et médicaments qu’ils peuvent prescrire. Par ailleurs, leur pratique continue d’évoluer au gré des récentes réformes législatives.
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Avant 2007 : aucune prescription autorisée
Jusqu’au début des années 2000, le rôle infirmier était strictement encadré. Les professionnels de santé ne disposaient d’aucun droit de prescription, ni initiale, ni en renouvellement. Leur mission se limitait à la réalisation des soins prescrits par un médecin, conformément à l’article R.4311-1 du Code de la santé publique. La prescription médicale restait un domaine réservé exclusivement aux médecins.
2007 : L’ouverture aux dispositifs médicaux
Un premier tournant intervient avec le décret du 13 avril 2007. Pour la première fois, les infirmiers se voient reconnaître la possibilité de prescrire certains dispositifs médicaux inscrits sur la Liste des Produits et Prestations Remboursables (LPP). Cette avancée reste toutefois limitée au rôle propre infirmier, c’est-à-dire aux soins liés à l’hygiène, au confort et à l’autonomie des patients. Ce texte marque néanmoins la naissance d’une autonomie prescriptrice et prépare le terrain à de futures extensions.
2012 : Une liste élargie de dispositifs médicaux
L’arrêté du 20 mars 2012 vient préciser et élargir les possibilités offertes aux IDEL. La liste officielle des dispositifs médicaux prescrits par les infirmiers comprend désormais les pansements simples et techniques, les sondes, le matériel lié à l’incontinence, la perfusion, la nutrition entérale, ainsi que les dispositifs de prévention des escarres. Cette mesure renforce considérablement la pratique infirmière au quotidien et confirme leur rôle dans la gestion des soins de proximité.
2016 : Les substituts nicotiniques
En 2016, l’évolution du rôle infirmier se poursuit avec la possibilité de prescrire des substituts nicotiniques. L’objectif est de favoriser le sevrage tabagique et de multiplier les relais de santé dans la lutte contre le tabac. Pour les patients, cela signifie un accès simplifié et plus rapide aux traitements de substitution. Pour les infirmiers, cette avancée illustre la reconnaissance progressive de leur rôle dans la prévention et la santé publique.
2017 : Le dispositif PRADO BPCO
L’année suivante, les infirmiers libéraux sont pleinement intégrés au programme PRADO (Programme d’Accompagnement du Retour à Domicile), en particulier pour les patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Dans ce cadre, ils peuvent prescrire certains actes de suivi infirmier et organiser la coordination du parcours patient avec le médecin traitant. Cette capacité de prescription ne porte pas sur des médicaments mais illustre une autonomie nouvelle dans l’organisation des soins post-hospitalisation.
2018 : Les infirmiers en pratique avancée (IPA)
L’instauration du statut d’infirmier en pratique avancée (IPA) constitue une étape majeure. Les IPA disposent d’un droit de prescription élargi, couvrant les médicaments, les dispositifs médicaux et certains examens complémentaires tant en prescription initiale qu’en renouvellement. Ces compétences restent circonscrites à des champs spécifiques (oncologie, néphrologie, psychiatrie ou maladies chroniques) mais elles marquent un changement profond dans la reconnaissance de la profession infirmière. Les IPA deviennent de véritables prescripteurs de santé dans leur domaine de spécialité.
2019 : La vaccination
À partir de 2019, le droit de prescription s’étend au domaine vaccinal. Les IDEL peuvent prescrire et administrer certains vaccins du calendrier vaccinal, avec la possibilité d’effectuer une prescription initiale au-delà de la seule grippe saisonnière. L’élargissement des compétences vaccinales constitue une avancée décisive dans un contexte marqué par la crise sanitaire.
2020 : Le renouvellement des contraceptifs oraux
Depuis 2020, les infirmiers sont autorisés à renouveler une prescription de contraceptif ****oral, sous conditions. L’ordonnance initiale doit dater de moins d’un an et le renouvellement ne peut excéder six mois. Cette prescription doit obligatoirement porter la mention « renouvellement infirmier ». Pour de nombreuses patientes, cela représente une simplification et un gain de temps considérable dans l’accès à la contraception.
2023 : L’extension vaccinale
Depuis l’arrêté du 8 août 2023, les infirmiers peuvent prescrire et administrer presque tous les vaccins pour les personnes âgées de 11 ans et plus. Cette extension du droit vaccinal permet désormais une prescription initiale pleinement reconnue, renforçant le rôle des infirmiers dans la prévention et la protection de la santé publique. Cette évolution facilite la couverture vaccinale et le suivi des patients.
2025 : Une autonomie renforcée et de nouvelles compétences
L’année 2025 marque un véritable tournant dans l’histoire de la prescription infirmière. Plusieurs réformes majeures viennent consacrer le rôle des IDEL :
- Avril 2025 : les infirmiers peuvent désormais établir un certificat de décès en cas de décès naturel, sous réserve de trois ans d’expérience (hors IPA) et d’une formation certifiante spécifique. Cette compétence vise à fluidifier les démarches, notamment en zones sous-dotées en médecins.
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Date de début : 3 novembre 2025
- Mai 2025 : le Sénat adopte une proposition de loi qui autorise les IDEL à prescrire certains produits de santé et examens complémentaires, tout en renforçant la place du diagnostic infirmier.
- Juin 2025 : la loi infirmière du 27 juin consacre un véritable droit de prescription autonome. Pour la première fois, les infirmiers peuvent prescrire, sans validation médicale préalable, une liste définie de produits et d’examens. Cette disposition reconnaît pleinement leur rôle dans le parcours de soins et marque une rupture historique avec le modèle antérieur.
Vers une autonomie infirmière complète ?
En 2025, les infirmiers libéraux disposent d’un droit de prescription bien plus large qu’il y a dix ans. Ils peuvent prescrire de nombreux dispositifs médicaux, renouveler certains traitements et délivrer des vaccins. Avec la loi infirmière du 27 juin 2025, la profession s’oriente clairement vers une autonomie renforcée et une reconnaissance accrue dans le parcours de soins. Cette évolution marque une étape décisive pour les IDEL, qui deviennent des acteurs de santé prescripteurs à part entière, tout en restant inscrits dans une logique de coordination avec les médecins.