Chaque hiver, la grippe saisonnière provoque des milliers de décès et une pression importante sur les hôpitaux.
Pour contrer cette dynamique, le gouvernement envisage de rendre obligatoire la vaccination contre la grippe pour les professionnels de santé. Cette mesure s'inscrit dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Cela pourrait marquer un tournant important dans la politique de prévention des infections respiratoires en France.
L’idée est de mieux protéger les publics les plus vulnérables et renforcer la prévention en milieu de soins. Selon Santé publique France, la saison 2024-2025 aurait entraîné plus de 17 000 décès liés à la grippe, un chiffre qui relance inévitablement la question d’une obligation vaccinale pour les soignants.
Une obligation inscrite dans le PLFSS 2026
Le texte du gouvernement prévoit que tous les soignants, qu’ils exercent en libéral ou au sein d’établissements de santé, médico-sociaux ou sociaux, soient soumis à cette nouvelle obligation. Les résidents d’EHPAD seraient également concernés. La mesure ne vise donc pas la population générale, mais les personnes les plus exposées au virus et celles qui les accompagnent au quotidien.
Cette obligation vaccinale ne pourrait toutefois entrer en vigueur qu’après un avis favorable de la Haute Autorité de santé (HAS). Déjà saisie sur le sujet, l’institution devrait rendre ses recommandations au premier trimestre 2026.
Une couverture vaccinale encore trop faible
Aujourd’hui, la couverture vaccinale contre la grippe chez les soignants reste très minime par rapport aux objectifs de santé publique. En EHPAD, seuls 21 % des personnels soignants étaient vaccinés en 2024-2025. Ce faible taux interroge, d’autant que les professionnels de santé sont en contact quotidien avec des personnes âgées et fragiles.
Le vaccin reste gratuit et pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie pour les professionnels concernés. Le gouvernement informe que le fait de se protéger, c’est aussi protéger ses patients, ses collègues et réduire la circulation du virus dans les services de soins.
Une mesure de prévention plus que de contrainte
L’objectif affiché par le ministère de la Santé n’est pas de sanctionner, mais de renforcer la prévention. Le gouvernement s’appuie sur la stratégie vaccination et immunisation 2025-2030, qui recommande d’étendre les obligations vaccinales lorsque la protection collective est jugée insuffisante.
Pour l’instant, l’exécutif précise que le vaccin contre la grippe est le seul concerné et qu’aucune extension à d’autres vaccins, comme celui contre le Covid-19, n’est envisagée.
Un retour à une politique interrompue depuis 2006
Ce ne serait pas la première fois que la vaccination contre la grippe devient obligatoire pour les soignants. Cette obligation avait existé jusqu’en 2006, avant d’être suspendue par décret sous le gouvernement de Dominique de Villepin, alors que Xavier Bertrand était ministre de la Santé. Depuis, la vaccination reste recommandée, mais sans contrainte, ce qui explique en partie la couverture insuffisante observée aujourd’hui.
La question revient donc au premier plan, dans un contexte marqué par les leçons tirées de la pandémie de Covid-19.
Une décision attendue en 2026
Si le projet de loi est adopté, la mise en œuvre de l’obligation vaccinale ne sera pas immédiate. Elle dépendra directement de la recommandation de la Haute Autorité de santé, attendue dans les prochains mois. Ce n’est qu’après cette étape que le gouvernement pourra publier un décret d’application précisant les modalités concrètes de la mesure.
En attendant, la campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19, lancée le 14 octobre, se poursuit dans toute la France. Les autorités sanitaires encouragent vivement les soignants à se faire vacciner, rappelant que ce geste simple reste la meilleure protection contre les formes graves et la transmission du virus.
Le projet d’obligation vaccinale contre la grippe pour les soignants marque une évolution importante de la politique de santé publique française. S’il soulève des débats éthiques et pratiques, il s’inscrit dans une logique de protection collective et de responsabilité professionnelle. La décision finale dépendra des conclusions de la HAS et du vote du Parlement en 2026. Enfin, le message du gouvernement est clair : renforcer la prévention pour éviter une nouvelle crise hivernale.
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